"Nous serons les derniers voyageurs dans les ruines de l'ancienne France qui auront bientot cessé d'exister et dont l'histoire et les mystères seront perdus pour la gnération prochaine".
Ainsi s'exprimait le baron Taylor lorsqu'il entreprit, avec Charles Nodier et Alphonse de Cailleux, la monumentale fresque des Voyages pittoresques et romantiques dans l'ancienne France. Entreprise unique, travail encyclopédique, il n'est certainement pas audacieux de classer ces Voyages parmi les oeuvres majeures sur l'héritage architectural et la vie quotidienne en Languedoc Roussillon au XIXe siècle. Ce livre témoin, miroir d'une société, nous dévoile un Languedoc Roussillon vierge, frangile, encore entier -c'est-à-dire grec, romain, médiéval-, où, dans cette solitude à peine traversée de routes, souffle toujours l'esprit latin.
Taylor, Nodier et Cailleux ne se contentent pas de populariser notre histoire, ils l'illustrent, l'immortalisent. Perpignan, Céret, Elne, Saint-Michel de Cuxa, Saint-Martin du Canigou, Coustouges, Serrabone et tant d'autres lieux encore, sont restitués tels quels, purs malgré leurs cicatrices. Rien n'échappe à la plume d'un Dauzats, Viollet-le-Duc, Laurens et autres génies du "pris sur le vif", car toutes ces illustrations sont en situation avec la foule du temps et les personnages du lieu : ecclésiastiques, paysans, bergers, Catalan au "porro" d'un "monde que nous avons perdu" qui donnent une vision du Roussillon à l'aube de la révolution industrielle.
Publiés pour la première fois en 1835, Les Voyages romantiques attestent de la richesse et de l'incroyable diversité dont témoigne l'architecture du Roussillon. Une fois de plus, comment ne pas souligner la personnalité de cette dernière qui, par le mariage des styles et la pureté de ses formes, évoque, à proximité de la mare nostrum, les glorieuses civilisations méditerranéennes, immuables dans la lumière et le sacré.
